De nombreuse personnalités artistiques sont enterrées au cimetière du Père Lachaise. Parmi celles-ci, les artistes peintres constituent une entité particulière et intéressante.
Nous avons choisi de retenir quelques peintres connus et d’en dresser un portrait court avec pour chacun une petite rétrospective de leurs œuvres. Ainsi vous en retrouverez 8 parmi les peintres au Père Lachaise.
Théodore Géricault
(1791-1824) Division 1
Il s’agit de l’un des peintres d’histoire du XIXème les plus connus. Son tableau le plus célèbre est « Le radeau de la méduse » créé entre 1818 et 1819 exposé au Louvre. Ce tableau est reconstitué sur sa tombe. Il est une personnalité tourmentée et fougueuse qui a incarné la peinture romantique. Théodore Géricault est fasciné par les thèmes morbides mais est aussi un grand amateur de chevaux qui sont souvent représentés dans ses œuvres. Ses œuvres clés sont également « Cuirassier blessé quittant le feu » en 1814, « La Hyène de la Salpétrière » en 1819-1820, « Monomane » en 1819-1821 et « Le Derby d’Epson » en 1821. Il meurt à l’âge de 33 ans probablement des complications d’une maladie vénérienne qu’il a acquise au cours d’un séjour en Angleterre.
Eugène Delacroix a dit de lui : « Le mouvement, l’âme, l’oeil du cheval, sa robe, le brillant de ses reflets, voilà ce qu’il a rendu comme personne ».
Eugène Delacroix
(1798-1863) Division 49
Peintre français du XIXème siècle reconnu comme étant l’un des principaux chefs de file du mouvement romantique. C’est sous la protection de Théodore Géricault, déjà célèbre, qu’il fait ses premières armes. Il va rapidement incarner une nouvelle génération d’artistes, désigné comme romantique. C’est en 1831, après le soulèvement parisien, qu’il présentera son tableau d’histoire inspiré par les évènements de 1830 : « Liberté guidant le peuple ». Ce tableau exposé au Louvre reste une icône de la peinture française. Après un voyage au Maghreb (« Femmes d’Alger dans leur appartement »), il sera présent pour l’exposition universelle de 1855 au cours de laquelle il sera consacré par Napoléon III. Accepté à l’académie des beaux-arts, il finira les peintures de Saint Sulpice. Son œuvre est conséquente tant en qualité qu’en quantité. Nous citerons ainsi : « Dante et Virgile aux Enfers », « Scènes de massacres de Scio », « Le Christ », « Fantasia marocaine », « Le Retour de Christophe Colomb », « Madeleine dans le désert ». Il meurt d’une hémoptysie consécutive à la tuberculose qu’il a contracté le 13 aout 1863. Eugène Delacroix reste parmi les peintres au Père Lachaise, un des artistes les plus représenté au Musée du Louvre.
Camille Pissarro
(1830-1903) Division 7
Il s’agit d’un peintre impressionniste puis néo-impressionniste franco-danois. Il peint notamment des scènes de la vie rurale, des paysages de campagne mais aussi des lieux comme Montmartre, le Louvre ou les Tuileries. Il est l’un des théoriciens de l’anarchie et s’apparente au mouvement libertaire. Parmi ses élèves, on peut citer Paul Gauguin et Paul Cézanne. On peut admirer aujourd’hui « Autoportrait » et « Gelée blanche » réalisés en 1873 au Musée d’Orsay à Paris, « Le marché à la volaille » réalisé en 1882 au Norton Simon Foundation de Los Angeles ou encore « Boulevard Montmartre, effet de nuit » peint en 1897 et exposé au National Galery à Londres. Il meurt en 1903 d’une maladie infectieuse.
Gustave Doré
(1832-1883) Division 60
Peintre, sculpteur, graveur, illustrateur et caricaturiste français, il a laissé derrière lui une œuvre considérable : presque 10000 illustrations, 68 titres de musique, 5 affiches, 51 lithographies originales, 526 dessins, 283 aquarelles, 133 peintures et 45 sculptures ! C’est au sein de l’illustration d’œuvres littéraires qu’il a été le plus éloquent. Ainsi, il a illustré des Contes de Balzac, les Contes de Perrault, Don Quichotte, les Fables de la Fontaine. Parmi ses peintures, on retrouve « l’Enigme » en 1871, « Les Saltimbanques » en 1874, « Les Mendiants de Burgos » en 1875. Doré triomphe en publiant en 1861 « L’Enfer de Dante » puis plus tard avec « La Sainte Bible » en 1866. Il meurt d’une crise cardiaque en 1883, à l’âge de 51 ans, nous laissant une œuvre imposante.
Gustave Caillebotte
(1848-1894) Division 54
Peintre français et collectionneur mécène, il a organisé de nombreuses expositions impressionnistes au XIXème siècle. Impliqué personnellement dans la culture impressionniste, il achètera des toiles de grands artistes peintres tels que Monnet, Pissarro, Degas, Renoir. Il a légué à l’Etat la collection de tableaux de ces artistes. En outre, il fut un amateur de bateaux à voile, un horticulteur et un philatéliste. Sa peinture se rattache au réalisme. En 1875, il peint successivement « Les raboteurs de parquets », « Le Laminoir » et « Jeune homme à la fenêtre » qui traduisent bien son orientation. « Nu au divan » en 1880 ou « Homme sortant du bain » en 1884 sont dans le registre d’un réalisme non conventionnel. Il meurt d’une congestion cérébrale le 21 février 1894.
Edouard Detaille
(1867-1944) Division 66
Peintre d’histoire avec une prédilection pour les scènes militaires, il fut aussi illustrateur. Il a réalisé un énorme travail en uniformologie. Dans le registre académique, il s’inscrit dans le style néoclassique et romantique du premier empire. Artiste soucieux de rendre la réalité historique, il s’est rendu célèbre par sa peintre représentant de façon réaliste la guerre franco-allemande de 1870. Il a peint de nombreuses toiles inspirées des guerres napoléoniennes. Il est élu à l’académie des beaux-arts en 1892 et contribue à la réalisation du musée de l’armée à Paris. Parmi ses œuvres, nous citerons « Le rêve » en 1888, « Napoléon en Egypte », « Panorama de la bataille de Chantilly ». Il est décédé le 24 Décembre 1912 en célibataire. Après sa mort ses œuvres subissent un déclin progressif. Il sera remis en lumière en 1962 grâce à une monographie de Pierre Chanlaine.
Amédéo Modigliani
(1884-1920) Division 96
C’est un peintre et sculpteur italien. Artiste maudit, consumé par l’alcool et la drogue, il a partagé sa vie entre Paris et l’Italie natale de manière mouvementée. Il présente souvent des sautes d’humeur et des accès colériques avec agressivité. Marqué par le classicisme et la renaissance italienne, Modigliani s’inspire beaucoup de l’art abstrait (cubisme, fauvisme) en conciliant tradition et modernité. Il plait aux femmes par son attitude franche et ses atouts de charmeur. Initialement sculpteur, il nous lègue environ 25 œuvres dont « Tête » en 1912, « Cariatide » en 1914. C’est en raison de problèmes de santé (essentiellement pulmonaires) qu’il s’oriente alors vers la peinture. Parmi ses toiles, on peut citer : « Nu sur un coussin » 1917-1918, « Portrait de Jeanne Hébuterne au collier » en 1917, « Portrait de Max Jacob » en 1916, « Léopold Zborowski » en 1919. C’est l’année 1919 qui signe le début de son déclin. Ses ennuis de santé s’aggravent et il meurt d’une méningite tuberculeuse en 1920 à l’âge de 38 ans.
Max Ernst
(1891-1976) Division 87
Peintre et sculpteur allemand qui sera naturalisé américain en 1948 puis français en 1958.
Son œuvre appartient au mouvement dadaïste et surréaliste. C’est l’un des artiste peintre majeur du XXème siècle mais souvent considéré comme inclassable. Il reste à l’origine de la technique du « dripping » qui consiste à faire gicler de la peinture directement sur la toile. « La Madone à l’Enfant », peinte en 1926, fut considérée comme sacrilège et il fut excommunié par l’église catholique. « L’ange au foyer » représente un démon qui danse sur une plaine lointaine et personnifie la guerre civile en Espagne. Enfin, on peut citer « Au Premier Mot Limpide » peinte en 1923, œuvre difficile d’accès mais d’après l’auteur « Inacceptable pour les spécialistes de l’art, de la culture, du comportement, de la logique et de la morale ». Il meurt à Paris en avril 1976.
En choisissant huit artistes parmi les peintres au Père Lachaise, nous avons tenté de vous représenter les différents courants de la peinture du XVIIIème au XXème siècle.
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